Les villages de Saint-Witz et de Plailly se trouvent de part et d’autre de la colline de Montmélian.
Ils sont reliés par la route départementale RD126 (« rue de Paris »), qui serpente au milieu d’arbres appartenant au Bois de Montmélian.
La photo ci-dessous montre le relief de la colline (sur la gauche), telle qu’on l’aperçoit cet automne depuis l’entrée de Plailly, rue de Paris, lorsqu’on regarde en direction de Saint-Witz.
La portion de route départementale qui sillonne entre les arbres se trouve sur le territoire de la commune de Plailly.
Le Bois de Montmélian s’étend quant à lui pour une grande partie sur une enclave appartenant à la commune de Mortefontaine, ainsi que le montre la carte IGN ci-dessous.
D’un point de vue historique, la présence du Bois de Montmélian est mentionnée sur la carte de l’état-major (1820-1866) figurant ci-dessous.
La vue aérienne ci-dessous permet d’apprécier la richesse et la densité des arbres telles qu’elles se présentaient il y a encore quelques années (Saint-Witz se trouve en bas à gauche de l’image ; Plailly est en haut de l’image). Le Bois de Montmélian apparaît ici comme un véritable « poumon de verdure ».
Si certaines coupes ont été effectuées il y a quelque temps afin de « sécuriser » la circulation routière sur la RD126, ou traiter quelques arbres « dépérissants », il semble que l’activité ait depuis dépassé le simple principe de précaution et la mise en sécurité des usagers de la route.
Certes, il subsiste encore quelques rangées d’arbres, conservées de part et d’autre à proximité de la route, comme un écran, mais on peut aisément distinguer au-delà, par les éclaircies, une exploitation intensive de la ressource, engendrant inéluctablement l’appauvrissement progressif de l’écosystème et des sols.
Cette exploitation se caractérise par des coupes massives d’arbres, visant en particulier de beaux sujets âgés (des chênes, notamment). Vous avez d’ailleurs probablement pu apercevoir d’énormes troncs fraîchement coupés (« grumes »), en bord de route, comme sur les photos ci-dessous prises depuis la route de Vémars, entre Vémars et Plailly (la face Est du Bois est visible depuis cette route).
Ces abattages sont vraisemblablement réalisés à des fins commerciales, par exemple pour alimenter en plaquettes, granulés et autres pellets les nouveaux systèmes de chaufferies (pour des particuliers, mais également pour l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle, dont la chaufferie biomasse consomme entre 35 000 et 40 000 tonnes de bois par an, provenant en majorité d’un rayon de moins de 50 Km et au maximum de 100 Km de l’aéroport).
Ces coupes peuvent également servir à alimenter des filières de transformation du bois à l’export (demande exponentielle de certains pays d’Asie pour la fabrication de parquets et autres meubles bon marché – sur ce sujet, lire cet article de Sciences & Avenir).
En outre, la méthode de récolte et de tractage des arbres abattus est particulièrement destructrice et néfaste pour la biodiversité et pour les autres essences d’arbres qui ont la malchance de se trouver sur le passage du grumier (camion servant au transport du bois), lequel n’a que faire des charmes, des tilleuls, noisetiers et autres bouleaux…
La circulation de ces lourds engins en forêt n’est pas sans provoquer le tassement des sols, et le déboisement sur des zones pentues peut présenter un risque de ruissellement des eaux ou de coulées de boues vers des zones en aval.
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L’APEPP fait donc part de sa plus vive inquiétude face à l’exploitation de ce bois.
Ce bois contribue en effet à l’équilibre écologique de notre environnement à tous. Il offre un refuge à la faune sauvage, aux oiseaux et à tout un écosystème. De plus, il participe au premier plan à la qualité de notre paysage rural.
Rappelons que les forêts stockent le dioxyde de carbone et permettent ainsi de lutter contre le réchauffement climatique. Sur ce point, nous vous invitons à lire en intégralité le Manifeste de Tronçais « Pour que la forêt française reste un bien commun », publié par plusieurs organismes et associations le 29 octobre dernier. Ce texte rappelle l’importance des forêts face au dérèglement climatique, et les écueils du modèle de gestion français.
« […] La forêt n’est pas un objet de spéculation financière de court terme. C’est le rempart de nos enfants face à une crise écologique et climatique qui s’emballe. C’est l’eau potable, la biodiversité et la résilience, l’épuration de l’air, le stockage d’une partie du carbone en excès dans l’atmosphère et la possibilité d’en stocker dans le bois matériau. […] »
Pour élargir la réflexion, vous pouvez également visionner le film « Le Temps des Forêts », réalisé par François-Xavier Drouet.