Alors que le Conseil Municipal de Plailly s’apprête à délibérer ce lundi 2 novembre 2015 au sujet d’une « enquête publique présentée par la SAS GREENFIELD », l’APEPP a recueilli quelques éléments d’information sur l’un des produits issus des activités de cette société : le « CALCIFIELD ».
La société GREENFIELD SAS, implantée à Château-Thierry, est spécialisée dans le recyclage de papier de bureau.
Comme le décrit un rapport de l’Inspection des Installations Classées, l’activité de recyclage « génère différents sous-produits et déchets :
- Contaminants grossiers, agrafes, sables, particules de verre qui partent en centre d’enfouissement technique (CET)
- Sous-produit de désencrage, dénommé CALCIFIELD composé de fibres de cellulose non récupérées, des encres et des charges minérales (essentiellement du carbonate de calcium). Il est épandu en agriculture depuis juin 2002.
- Boues biologiques de la station d’épuration de l’usine, déshydratées et mélangées au CALCIFIELD. »
En 2014, l’APEPP avait déjà constaté la présence (non autorisée par le Conseil Municipal de Plailly) de CALCIFIELD sur les terres d’un agriculteur du village. Ces dépôts ont été rapidement retirés car non autorisés…
La presse s’est fait l’écho de certaines inquiétudes quant à l’impact de ce produit sur l’environnement, et notamment sur les nappes phréatiques. Ainsi, dans un article paru le 30 novembre 2009 dans le journal Le Parisien, on pouvait lire:
« Controverse autour des boues de Greenfield
Non, Non, et non! Une majorité d’élus concernés ne veulent pas que la société Greenfield, basée à Château-Thierry dans l’Aisne, déverse ses déchets dans les champs. Cette entreprise produit chaque année 150000 t de pâte à papier désencrée à partir de papier de récupération. Dans son processus de recyclage restent des boues de désencrage, appelées calcifield.
Autrefois elle étaient enterrées. La société les donne maintenant gratuitement aux agriculteurs, qui s’en servent pour l’épandage de leurs champs. Seulement la composition de cette boue, même traitée, renferme une petite quantité de métaux lourds, ce qui provoque de vives inquiétudes chez les maires des communes visées.
194 communes sont concernées
Greenfield vient de demander une extension de son périmètre d’épandage à 88 communes. L’enquête publique s’est terminée en fin de semaine dernière. « Déjà en 2007, 106 communes de l’Oise étaient concernées par ce périmètre d’épandage », se remémore Renza Fresch, maire de Venette. « Nous étions concernés pour 75 ha de terres agricoles et le conseil municipal s’était unanimement opposé à cet épandage. » Le maire justifie cette décision, calcul à l’appui: 20 t de calcifield à l’hectare équivalent à 171 kg d’encre. Au total, 194 communes ont ou vont potentiellement recevoir dans leurs champs ces boues de désencrage. Car, malgré l’opposition des maires, c’est à l’agriculteur de trancher. Le choix est cornélien pour cet exploitant agricole qui préfère rester dans l’anonymat. « Il faut nous comprendre, c’est dur de refuser. On pense à l’environnement, mais… c’est gratuit. On n’arrive plus à sortir la tête de l’eau, alors si on peu réduire nos dépenses, on le fait. »
A Ressons-sur-Matz, le maire, Alain de Paermentier, espère que les agriculteurs n’écouteront pas le chant des sirènes, pour des raisons écologiques et de santé. « Nous avons le devoir de protéger notre captage en eau potable. Nous avons zéro atrazine, c’est l’une des plus saines du département! Il ne faudrait pas polluer les sols avec le mercure, le zinc, le cuivre, le nickel que contient cette boue de désencrage. On veut préserver notre mine d’or! »
Plus tôt, en 2007, la presse évoquait déjà la préoccupation des communes concernées. Le journal Le Parisien, dans son édition du 27 février 2007, titrait :
« Ces boues de désencrage qui inquiètent les maires
«ON A REFUSÉ les boues d’Achères, je ne vois pas pourquoi on accepterait ça si c’est de la même trempe », affirme Bernard Groseil, le maire de Ressons-sur-Matz. La préfecture de l’Aisne a envoyé à cent six mairies de l’Oise un avis d’enquête publique en vue d’étendre le périmètre d’épandage des déchets (boues de désencrage) de la société Greenfield basée à Château-Thierry.
Mais aucune autre précision n’a été apportée aux maires. Ils doivent exposer l’avis en mairie sans savoir exactement de quoi il s’agit.
L’usine fait partie des industries lourdes et fabrique du papier blanc haut de gamme à partir de recyclage de vieux papiers de bureau, à raison de 140 000 tonnes par an de pâte à papier. Pour trente et une communes de l’Oise, c’est une grande première et ça inquiète leurs élus qui se demandent de quel genre de déchets ils risquent d’hériter dans leurs champs.
A Venette, il n’en est pas question. « On reçoit l’arrêté préfectoral et on ne nous envoie pas les études d’impact. S’il y a une enquête publique, c’est que c’est déjà fait. C’est exactement comme si on nous demandait de signer un chèque en blanc », tempête le maire, Renza Fresch. « Il y a une urgence qui ne me satisfait pas. J’ai reçu le courrier le 17 février et l’enquête dure du 12 mars au 13 avril. Pourquoi l’Etat est-il si pressé de donner satisfaction à une entreprise privée ? » Le maire va donc refuser d’afficher l’enquête publique en mairie.
Le Pays des Sources, qui regroupe les cantons de Lassigny et de Ressons-sur-Matz, est particulièrement concerné et ne sait comment lutter contre. Le maire de Marquéglise, Denis Mallet, est dans la même situation que son homologue de Venette. « Nous ne sommes pas des spécialistes, donc incapables de dire si ça va nous amener de la pollution. Quoi qu’il en soit, les agriculteurs de mon village savent que je suis contre et notre conseil municipal va s’opposer au projet. Avec les autres maires du Pays des Sources, il va falloir qu’on trouve une stratégie. Ils disent que c’est de la chaux. C’est bien pour les cultures. Mais l’encre des papiers ? Elle fait quoi au sol ? »
Jean-Marc Sénateur, directeur de cabinet du préfet de l’Oise, se veut rassurant, « Les déchets sont au préalable traités et les restes d’encre sont retirés. Il ne reste plus que de la chaux. La société Greenfield a commencé à épandre en 2002, mais nous n’intervenons pas car c’est piloté par la préfecture de l’Aisne. Nous donnons un avis au moment de la conclusion de l’enquête publique. »
Quoi qu’il en soit, les déchets, pudiquement appelés « calcifield », sont surveillés dans l’Aisne, et l’association Vie et Paysages, qui participe au comité de suivi de Greenfield, émet des réserves sur les composants de ces boues de désencrage. »
Dans sa feuille de liaison de novembre 2009, l’Union des Amis du Parc Naturel Régional Oise-Pays de France et de ses Trois Forêts écrivait (CLIQUEZ SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR) :
L’APEPP rappelle enfin le vote du Conseil Municipal de Rémy, commune proche de Compiègne, qui rejetait, le 22 mars 2007, l’épandage de Calcifield sur ses terres :
« AVIS CONCERNANT LA DEMANDE D’AUTORISATION D’ÉTENDRE LE PÉRIMÈTRE D’ÉPANDAGE DU CALCIFIELD
Monsieur le Maire informe les membres présents qu’il a reçu de la Préfecture de l’Aisne, un dossier concernant la demande d’autorisation présentée par la SAS GREENFIELD d’étendre le périmètre d’épandage du Calcifield sur le territoire de 101 communes de l’Aisne et de 106 communes de l’Oise.
En exécution des dispositions de l’arrêté du 16/02/2007 de Madame le Préfet de l’Aisne, une enquête publique se déroulera du lundi 12 mars 2007 au vendredi 13 avril 2007 inclus. Le public pourra prendre connaissance du dossier qui comporte notamment une étude d’impact, aux heures habituelles d’ouverture de la mairie et formuler éventuellement ses appréciations, suggestions et contre-propositions sur un registre ouvert à cet effet, ou les adresser au Président de la commission d’enquête, par lettre, à la mairie de FERE EN TARDENOIS, siège de l’enquête, où elles seront tenues à la disposition de toute personne intéressée. Ces observations doivent être consignées, reçues ou notifiées avant la fin de l’enquête.
Monsieur le Maire précise que le Conseil Municipal est appelé à donner son avis sur cette demande d’autorisation.
Le conseil municipal après avoir ouï l’exposé et délibéré, n’accepte pas l’étude présentée à l’enquête publique car elle est très incomplète, ancienne pour certaines analyses faites en 2001 et particulièrement inquiétante par l’appauvrissement des sols en produits azotés. Ceci pourrait entraîner un supplément d’apport azoté par les agriculteurs. Nous risquons de retrouver ces produits transformés en nitrates dans les nappes phréatiques qui sont déjà à la limite de la normalité. Au vu de toutes ces remarques, le conseil municipal ne peut pas se prononcer sur l’opportunité de l’épandage du Calcifield. C’est pourquoi, le conseil municipal émet un avis défavorable d’une part à l’extension du périmètre et d’autre part à l’épandage du calcifield. »
Comme chacun le sait, les projets actuels de Moussy-le-Neuf (en particulier l’usine de compostage de boues de stations d’épuration) sont préoccupants… Peut-être serait-il opportun d’éviter de nous retrouver dans la même situation prochainement.
En outre, en ce qui concerne les « enquêtes publiques », l’APEPP rappelle le « cas d’école » de l’enquête publique menée sur le site de TERRALYS à Ermenonville. Sur ce sujet, relire l’article de l’APEPP : https://apepp.wordpress.com/2015/05/03/la-verite-sur-les-nuisances-olfactives-liees-au-compostage-lexemple-dermenonville/.